Trafic
d'organes, un business en expansion ? |
Clémentine
Rodriguez
La vie humaine en pièces détachées : un rein, un
foie, un œil, une rate, un ovule, des cheveux, un ventre, un poumon, un COEUR...
Des pratiques pas toujours très propres et souvent un peu louches. Certains
sont prêts à vendre des morceaux d'eux pour quelques sous, quitte à y laisser
sa vie. Serait-ce la misère du monde qui incite ces actes de boucherie ? De plus, des trafics d'organes ont lieu un peu
partout dans le monde, et le business de l'organe humain n'est pas prêt de
cesser, c'est encore une histoire d'offre et de demande (voir site web sur la
prostitution). Doit-on légaliser la vente d'organes ? |
Voici une campagne d'affichage
de |
Ma mort mise à prix Marco Polo, à l'Ouest de Pékin, un trou est
creusé dans le sol. Des prisonniers défilent et tombent quelques secondes
après avoir reçu une balle dans la tête. Lorsque leur coeur cesse de battre,
leur corps sont glissés dans un sac, puis acheminés dans une camionnette
médicale. Dans le fourgon, qui file en direction de l’hôpital, les
instruments sont déjà prêts. Tandis que le foie ou les reins du prisonnier
lui sont extirpés à grands coups de bistouri, un patient s’endort lentement à
l’hôpital. Il a payé cher pour obtenir rapidement cet organe dont il a besoin
pour rester en vie. Souvent sans savoir qu’une autre personne a perdu la
sienne pour cela. Les tests de compatibilité entre le «donneur» et le
receveur ont été faits avant l’exécution. Il aura suffit d’une balle dans la
tête, pour les autorités chinoises, l’essentiel est préservé. «Personne ne s'en soucie, tout le monde ferme les
yeux et personne ne s'inquiète des questions morales soulevées par cette
pratique courante», a dénoncé le Dr Chen au quotidien hongkongais South China
Morning Post. (1) |
Organes humains en vente sur le net
« Jeune homme, 26 ans. Prêt à vendre un de mes
reins. Très sérieux. NB : je ne connais pas mon groupe sanguin ».
« Vends lobe de foie. Groupe sanguin O+ ». « Urgent : cherche
rein pour femme malade. Groupe sanguin A ou B. Compensation
financière ». On se croirait sur Le Bon Coin, ou EBay !
Vous ne rêvez pas, il existe belle et bien des petites annonces sur internet
pour acheter ou vendre des parties de son corps. Une société britannique de transplantation, à
force de voir leurs patients en attente d'un don d'organes s'envoler pour Surpris par la rapidité avec laquelle ses
patients parvenaient à se «fournir» en organes en Chine, En juin 2006, deux Canadiens, le député David
Kilgour et l’avocat des droits de l’Homme David Matas publiaient un rapport
dans lequel ils dénonçaient le prélèvement d’organes sur les prisonniers
membres du mouvement d’opposition du Falun Gong (2). Selon eux, depuis 1999, date du début de la répression
contre le Falun Gong, il y aurait eu plus de 40 000 cas de transplantations
pour lesquels il n’était pas possible d’avoir des informations sur les
donneurs. Pour eux, il ne peut donc pas s’agir d’un simple «don» d’organe. Les autorités chinoises ont bien tenté, un temps,
de démentir en prétextant que les «donneurs» étaient consentants. Mais ils
ont été démentis.
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Doit-on rémunérer les donneurs
d'organes ? Est-il moralement éthique d'user d'incitations financière
pour augmenter le don d'organes ? Car ne nous voilons pas la face, nous
sommes en pénurie d'organes et chaque jours beaucoup trop d'êtres humains
meurent de n'avoir pu trouver de donneurs. Les lois de bioéthique en France ont toujours
considéré que le corps humain n'est pas à vendre, et posé comme principe
absolu la gratuité et l'anonymat des dons, qu'ils soient de sperme,
d'ovocytes, de sang, de moelle osseuse, d'organes… Cependant tout le monde n'est pas de cet avis,
Ruwen Ogien lors d'un débat avec Sylvianne Agacinsky (3), nous explique qu'il ne faut pas cataloguer les
mères porteuses de personnes misérables, utilisant son corps comme moyen de
survie. Il cite une enquête de
Newsweek (mars 2008), où il y aurait un nombre croissant de mères porteuses
américaines étant des femmes de militaires en activité, bénéficiant de
revenus assez aisés. Néanmoins Sylvianne Agacinsky nous
explique que la loi doit
avoir un rôle civilisateur, elle ne doit pas légaliser le marché du
corps : « elle doit exclure des échanges marchands la substance de
l’être humain. Une personne ne doit pas être exposée à se mutiler ou à
sacrifier ses organes et sa vie pour un salaire, quel qu’il soit». Selon Ruwen Ogien,
tout est vendable, même le corps des être humains. Cependant, « la
question de savoir ce qui est vendable ou pas est une question complexe à
laquelle on ne peut pas répondre par des slogans ». Alors que pour Sylvianne Agacinsky : « Faire de sa chair
l’instrument d’autrui, c’est le déshumaniser ». Mais pour Ruwen Ogien c’est la misère
qu’il faudrait empêcher, pas les mères porteuses. |
Notes : (1) MEVEL Jean-Jacques. L'hôpital
chinois se fournit chez le bourreau, [en ligne]. Disponible sur : http://www.lefigaro.fr/international/2006/04/19/01003-20060419ARTWWW90308-l’hôpital_chinois_se_fournit_chez_le_bourreau.php (2) Voir PDF, présentation du nouvel ouvrage de David
Kilgour : « Bloody Harvest : The killing of Falun Gong for their organs » : «
Prélèvements meurtriers : assassinat des pratiquants du Falun Gong pour leurs
organes » (co-auteurs : David Matas et David Kilgour). http://nereja.free.fr/files/DiscoursDK_031209.pdf Falun Gong :
Mouvement spirituel chinois. (3) JOIGNOT Frédéric. Instrumentalisation des corps
et mères porteuses. Le monde Sciences,
Avril 2010, n°396, p.1. |
Un enjeu clé :
inciter les Français à faire connaitre leur position sur le don d’organes à
leurs proches. Chaque année, le nombre de
personnes inscrites en liste d’attente progresse. Le décalage entre le nombre
de patients en attente d’une greffe (13 687 en 2008) et le nombre de
greffes réalisées (4 620) reste élevé. En 2008, 222 personnes
sont décédées, faute de greffons disponibles. |
Source :
Agence de la biomédecine |
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