Trafic d'organes, un business en expansion ?

Clémentine Rodriguez

 

 

La vie humaine en pièces détachées : un rein, un foie, un œil, une rate, un ovule, des cheveux, un ventre, un poumon, un COEUR... Des pratiques pas toujours très propres et souvent un peu louches. Certains sont prêts à vendre des morceaux d'eux pour quelques sous, quitte à y laisser sa vie. Serait-ce la misère du monde qui incite ces actes de boucherie ?

De plus, des trafics d'organes ont lieu un peu partout dans le monde, et le business de l'organe humain n'est pas prêt de cesser, c'est encore une histoire d'offre et de demande (voir site web sur la prostitution). Doit-on légaliser la vente d'organes ?

 

Voici une campagne d'affichage de la Vision Foundation of India, qui renseigne les gens sur le trafic d'organes, plus particulièrement des yeux.

 

 

 

Ma mort mise à prix

 

Marco Polo, à l'Ouest de Pékin, un trou est creusé dans le sol. Des prisonniers défilent et tombent quelques secondes après avoir reçu une balle dans la tête. Lorsque leur coeur cesse de battre, leur corps sont glissés dans un sac, puis acheminés dans une camionnette médicale. Dans le fourgon, qui file en direction de l’hôpital, les instruments sont déjà prêts. Tandis que le foie ou les reins du prisonnier lui sont extirpés à grands coups de bistouri, un patient s’endort lentement à l’hôpital. Il a payé cher pour obtenir rapidement cet organe dont il a besoin pour rester en vie. Souvent sans savoir qu’une autre personne a perdu la sienne pour cela. Les tests de compatibilité entre le «donneur» et le receveur ont été faits avant l’exécution. Il aura suffit d’une balle dans la tête, pour les autorités chinoises, l’essentiel est préservé.
On voudrait ne pas y croire, et pourtant… Les preuves se multiplient et convergent. En Chine, les exécutions de prisonniers deviendraient un véritable «business» pour le gouvernement. Alors que partout dans les pays occidentaux, les organes humains manquent pour sauver des patients, la Chine, elle, n’hésite pas à faire recette en vendant les organes des prisonniers exécutés. Le scandale est connu depuis plusieurs années.

 

«Personne ne s'en soucie, tout le monde ferme les yeux et personne ne s'inquiète des questions morales soulevées par cette pratique courante», a dénoncé le Dr Chen au quotidien hongkongais South China Morning Post. (1)

 

 

 

Organes humains en vente sur le net

 

           

Campagne publicitaire de France-adot.org ; Association pour le don d’organes et de tissus humains.

 

 

« Jeune homme, 26 ans. Prêt à vendre un de mes reins. Très sérieux. NB : je ne connais pas mon groupe sanguin ». « Vends lobe de foie. Groupe sanguin O+ ». « Urgent : cherche rein pour femme malade. Groupe sanguin A ou B. Compensation financière ».

On se croirait sur Le Bon Coin, ou EBay ! Vous ne rêvez pas, il existe belle et bien des petites annonces sur internet pour acheter ou vendre des parties de son corps.

 

Une société britannique de transplantation, à force de voir leurs patients en attente d'un don d'organes s'envoler pour la Chine, les chirurgiens se sont posé quelques questions et on découvert qu'en quelques «clics» sur Internet, il existait un véritable marché des organes : 62 000 dollars le rein, 150 000 dollars le poumon, ou encore 30 000 dollars pour une cornée. Qui dit mieux ?

Surpris par la rapidité avec laquelle ses patients parvenaient à se «fournir» en organes en Chine, la Société britannique de transplantation a poussé son enquête. Selon elle, les dates d’exécutions de prisonniers chinois seraient choisies en fonction des demandes d’organes. Les transplantations doivent en effet être faites dans les 12 heures pour un foie, et dans les 36 heures pour un rein, notamment.

En juin 2006, deux Canadiens, le député David Kilgour et l’avocat des droits de l’Homme David Matas publiaient un rapport dans lequel ils dénonçaient le prélèvement d’organes sur les prisonniers membres du mouvement d’opposition du Falun Gong (2).

Selon eux, depuis 1999, date du début de la répression contre le Falun Gong, il y aurait eu plus de 40 000 cas de transplantations pour lesquels il n’était pas possible d’avoir des informations sur les donneurs. Pour eux, il ne peut donc pas s’agir d’un simple «don» d’organe.

Les autorités chinoises ont bien tenté, un temps, de démentir en prétextant que les «donneurs» étaient consentants. Mais ils ont été démentis.

 

 

 

Doit-on rémunérer les donneurs d'organes ?

 

Est-il moralement éthique d'user d'incitations financière pour augmenter le don d'organes ? Car ne nous voilons pas la face, nous sommes en pénurie d'organes et chaque jours beaucoup trop d'êtres humains meurent de n'avoir pu trouver de donneurs.

Les lois de bioéthique en France ont toujours considéré que le corps humain n'est pas à vendre, et posé comme principe absolu la gratuité et l'anonymat des dons, qu'ils soient de sperme, d'ovocytes, de sang, de moelle osseuse, d'organes…

 

Cependant tout le monde n'est pas de cet avis, Ruwen Ogien lors d'un débat avec Sylvianne Agacinsky (3), nous explique qu'il ne faut pas cataloguer les mères porteuses de personnes misérables, utilisant son corps comme moyen de survie. Il cite une enquête  de Newsweek (mars 2008), où il y aurait un nombre croissant de mères porteuses américaines étant des femmes de militaires en activité, bénéficiant de revenus assez aisés.

Néanmoins Sylvianne Agacinsky nous explique que la loi doit avoir un rôle civilisateur, elle ne doit pas légaliser le marché du corps : « elle doit exclure des échanges marchands la substance de l’être humain. Une personne ne doit pas être exposée à se mutiler ou à sacrifier ses organes et sa vie pour un salaire, quel qu’il soit».

Selon Ruwen Ogien, tout est vendable, même le corps des être humains. Cependant, « la question de savoir ce qui est vendable ou pas est une question complexe à laquelle on ne peut pas répondre par des slogans ». Alors que pour Sylvianne Agacinsky : « Faire de sa chair l’instrument d’autrui, c’est le déshumaniser ».

Mais pour Ruwen Ogien c’est la misère qu’il faudrait empêcher, pas les mères porteuses.

 

 

 

Notes :

 

(1) MEVEL Jean-Jacques.  L'hôpital chinois se fournit chez le bourreau, [en ligne]. Disponible sur : http://www.lefigaro.fr/international/2006/04/19/01003-20060419ARTWWW90308-l’hôpital_chinois_se_fournit_chez_le_bourreau.php

 

(2) Voir PDF, présentation du nouvel ouvrage de David Kilgour : « Bloody Harvest : The killing of Falun Gong for their organs » : « Prélèvements meurtriers : assassinat des pratiquants du Falun Gong pour leurs organes » (co-auteurs : David Matas et David Kilgour). http://nereja.free.fr/files/DiscoursDK_031209.pdf

Falun Gong : Mouvement spirituel chinois.

 

(3) JOIGNOT Frédéric. Instrumentalisation des corps et mères porteuses. Le monde Sciences, Avril 2010, n°396, p.1.

 

 

Un enjeu clé : inciter les Français à faire connaitre leur position sur le don d’organes à leurs proches.

 

Chaque année, le nombre de personnes inscrites en liste d’attente progresse. Le décalage entre le nombre de patients en attente d’une greffe (13 687 en 2008) et le nombre de greffes réalisées (4 620) reste élevé.

En 2008, 222 personnes sont décédées, faute de greffons disponibles.

 

 

Source : Agence de la biomédecine

 

 

 

 

 

 

 

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